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Action et coupé. Deux mots et il y a tant de choses entre. Une vie par exemple.

J’ai la triste tâche d’annoncer sur les pages de ce blog aussi le décès de ma mère, Mme Annabelle Félicité. C’est tellement douloureux pour moi d’écrire d’elle en passé. Elle travaillait toujours paralèllement sur plusieurs histoires. Romans, scénarios ou comptes, son bureau n’était jamais vide.

Durant ces presque trois décennies, depuis qu’elle écrivait, elle a publié un recueil de poèmes, un recueil de nouvelles, un roman (très long), un compte pour enfant, un compte biblique et un recueil de nouvelles pour adolescents. Elle les a écrits en hongrois mais elle travaillait beaucoup sur son français.

Son rêve était de pouvoir écrire en français sans jamais oublier le hongrois. Deux langues qui perçoivent le monde et la vie différemment mais ces différentes approches permettent qu’elles se complètent et qu’elles enrichissent l’âme et l’esprit. Parler ces deux langues difficiles et compliquées mais également jolies et riches ouvrent l’esprit à mieux connaître le monde qui nous entoure et les milles aspects de notre vie. L’une, langue des philosophes, l’autre, langue ancienne qui cherche toujours ses racines.

Elle aussi, elle était une grande chercheuse, elle cherchait à comprendre les grandes questions de la vie, quel était le véritable moteur des événements.

Mais comment traduire son style en français ? Parce qu’elle utilisait le hongrois de façon si particulière qu’il est très difficile de le traduire. C’est difficile mais pas impossible, elle avait l’habitude de travailler en deux langues, de cette manière on ne parle plus de traduction, le texte pouvait se développer soit selon les subtilités de la langue hongroise, soit selon celles du français.

Des œuvres qui n’étaient pas encore publiées, qui sont aujourd’hui inachevées. Mais elles ne le resteront. Nous avons commencé quelque chose ensemble que je dois continuer. Nous avons travaillé ensemble sur plusieurs scénarios, nous avons même suivi une formation chacune pour d’une part connaître comment les gens du cinéma réfléchissent et d’autre part pour montrer notre engagement. Elle a obtenu un diplôme d’écriture de scénario et moi, un diplôme de producteur. Mais nous ne sommes pas arrêtées là, nous avons analysé constamment les films, les séries que nous avons vus. Et pour publier nos analyses, nous avons créé ce blog.

Comme j’ai déjà écrit, Annabelle s’efforçait de comprendre de quelles manières les événements se suivaient, quelles étaient les motivations des gens, quelles étaient les connexions, quel était ce besoin d’agire et d’avancer auquel nous répondons tous ? Il y a des gens qui s’avancent de la même façon, dans la même direction. Mais il y a également des gens qui se tournent vers la direction opposée et qui vont suivre des idées complètement différentes. Tout le monde cherche un mode de penser et d’agir qui lui sont convenables mais quelle est cette quelque chose (intuition, motivation etc.) qui dicte la décision de chacun ?

Et est-ce qu’on peut considérer ces différentes positions ou décisions comme étant susceptibles de se compléter pour enrichir notre société ou au contraire, elles sont les déclencheurs des querelles, des altercations qui nous mènent finalement aux guerres ?

Donc, elle a pris très au sérieux son travail d’écrivain, dans son cas on parle plutot d’une véritable vocation. C’est pour ça qu’elle n’aimait absoluement pas les histoires conçues des clichés, des scènes artificielles dont l’unique but est provoquer un effet dans le spectateur mais ces histoires-là n’apportent aucune valeur ajoutée à la société. Apporter une valeur à notre monde, trouver les choses essentielles et attirer l’attention des lecteurs, des spectateurs à leurs propres talents pour les aider à s’avancer, à s’épanouir dans leur travail et dans leur vie privée. Voilà ce qu’elle voulait faire. Mais en même temps elle aimait rire, elle avait de l’humour, elle disait souvant qu’elle devrait enfin écrire une comédie. Je voudrais me souvenir d’elle en la voyant rier, s’amuser, étant heureuse.

Elle était croyante, mais elle ne suivait les enseignements d’aucune église, elle voulait être libre en cherchant Dieu. Comme je la connais, elle est déjà auprès du Dieu en intervenant pour que la vie sur cette planète bleue, notre chère Terre, soit moins difficile.

Aujourd’hui elle continue son travail au-delà, c’est à moi de continuer ici. Parce que ce n’est pas encore coupé.