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Introduction

C’était il y a bien longtemps, en 1935, quand La kermesse héroïque est sorti et, en devenant depuis l’un des chefs-d’œuvre du cinéma français, il émerveille ses spectateurs depuis presque quatre-vingt-dix ans. Donc, je peux considérer cet article comme un voyage dans le temps, d’une part parce que l’histoire se déroule en 1616, d’autre part parce que les techniques et certaines méthodes cinématographiques utilisées dans ce film sont, hélas, un peu « oubliées » par les professionnels d’aujourd’hui. Je vous invite à les redécouvrir avec moi dans cette pépite intemporelle.

Le blason de la ville Boom – image du film de Jacques Feyder La kermesse héroïque, 1935

Cette analyse va ouvrir une série d’articles que je vais réaliser sur des films français, connus ou un peu oubliés, mais qui ont fait partie de la tradition et de l’héritage cinématographiques de ce pays. Je voudrais ainsi chercher et trouver quels sont les éléments qui ont contribué à la construction de l’art cinématographique. Je dois vous avouer, chères lectrices, chers lecteurs, que je viens de terminer une formation d’écriture scénaristique et j’ai été étonnée à quel point les professionnels d’aujourd’hui puisent du cinéma d’outre-mer au lieu de chercher des idées « à la maison ». Mais je dois immédiatement préciser que je n’ai rien contre les films américains, il y en a beaucoup que j’aime regarder et des actrices, des acteurs dont l’interprétation trouve captivante. C’est l’industrialisation du cinéma qui m’inquiète, mais ce sera le sujet d’un autre article. Retournons maintenant plutôt à la Flandre, où se déroule l’histoire de La kermesse héroïque, pour retrouver Françoise Rosay, Jean Murat, Louis Jouvet et André Alerme dans cette comédie remarquable et inoubliable.

La première fois que j’ai vu ce film, il y a bien longtemps, j’ai été bluffée par sa fraîcheur et son rythme, son humour chatouillant et la naturalité par laquelle les acteurs interprétaient leur rôle. À l’époque, je ne parlais pas bien le français, j’ai vu sa version hongroise avec sous-titrage hongrois, et j’essayais de profiter des deux langues et de l’image en même temps. Beaucoup de répliques m’ont échappé que j’ai pu récupérer aujourd’hui, avec plus d’expérience en français et en art cinématographique. J’ai pu également découvrir quelques scènes qui ont été coupées de la version hongroise, la censure des années 30 ne pouvait pas supporter l’image corrompue du chapelain et la vision sanglante de l’aubergiste sur l’occupation espagnole.

Il m’est impossible cependant de retraduire en français son titre hongrois, « Csintalan asszonyok », parce que ces mots n’existent pas en français. Tout d’abord, en hongrois, on fait la différence entre femme et femme, c’est-à-dire, femme comme un être humain féminin, ou femme mûre qui a de l’expérience, dans la plupart des cas, épouse et mère. Deuxièmement, le mot « csintalan » est traduit par les dictionnaires par le mot « espiègle » ou « coquin », par contre, ces deux mots comportent un sens un peu négatif, des personnes espiègles ou coquines agacent parfois leur entourage, mais « csintalan » ne comporte absolument pas de sous-entendu négatif. Bien au contraire, une personne « csintalan » atteint son but avec humour, en éveillant l’admiration, et même si elle enfreint quelques règles, on ne peut pas lui en vouloir. En plus, dans ce contexte, ce mot peut être synonyme du mot « coquette ». Bref, « Femmes espiègles » n’est pas « Csintalan asszonyok » mais à peu près.

Mais laissons de côté les différences dans les modes de penser hongroise et française et revenons plutôt à notre film, qui n’attend qu’être analysé, décortiqué pour être ensuite reconstruit et tout cela dans le respect envers les auteurs, les collaborateurs qui ont laissé pour la postérité une œuvre qui perdure dans le temps et nous fait rire avec son histoire et ses personnages, montrés d’un angle de vue comique.

Avant de commencer, je voudrais rendre hommage à ma mère, Annabelle Félicité, qui malheureusement n’est plus parmi nous, et c’est la première analyse que je réalise seule, sans la consulter ou sans partager avec elle mes pensées, sans écouter ses observations. Elle aimait ce film, c’était l’un de ses préférés, elle aurait tant aimé écrire une comédie, mais elle écrivait des drames. Seuls ses contes pour enfants étaient joyeux. Elle est toujours avec moi quand je continue mon travail et nos projets communs.

Il ne reste plus que commencer l’analyse et comme toujours, l’article contient beaucoup de SPOILER, attention. Je n’ai pas trouvé ce film sur internet, je ne peux pas insérer ici son lien, j’ai travaillé de mon exemplaire qui est sur mon disque dur et j’ai emprunté le scénario à la Bibliothèque François Truffaut qui m’était de grande aide parce qu’il contient les différents mouvements de caméra également et les plans aussi.

Voici le sommaire, je vous souhaite bonne lecture, bonne analyse.

Introduction

La structure de l’histoire

Les personnages

Le scénario

Les dialogues

La mise en scène

Les acteurs

La musique

La conclusion