VI. La musique, Mikaël Tariverdiev (Микаэл Таривердиев)

Tatiana Lioznova a demandé à Mikaël Tariverdiev de créer la musique originale du film, mission qu’il ne voulait pas accepter parce qu’il a déjà travaillé pour un film d’espionnage qui n’a pas donné de succès. Finalement il a accepté, peut-être parce qu’il était en bons termes avec la réalisatrice. Et son travail a été couronné de succès.
Il a travaillé en étroite collaboration avec le poète Robert Rozhdestvensky (Роберт Рождественский). Ensemble ils ont créé douze chansons, une pour chaque épisode mais finalement deux étaient retenues comme génériques, interprétées par le chanteur très populaire Iosif Kobzon. Voici les deux chansons :
A part ces deux chansons, il y a plusieurs mélodies qui retentissent dans la série. La plus connue de toutes est celle qui reflète la solitude de Stierlitz : Deux dans le café (Двое в кафе), on l’entend pendant la scène quand Stierlitz rencontre sa femme pour la dernière fois et on l’entend quand Stierlitz regarde les oiseaux voler et il pense à son pays lointain.
Il y a quelque mélodies qui retentissent de façon temathique, comme la Patrouille nocturne (Ночной патруль) ce qu’on entend chaque fois qu’un dossier personnel est présenté ou pendant que Stierlitz réfléchit à sa mission en analysant la situation des quatre personnes qui sont au sommet du Reich, et finalement quand à la fin de la série Stierlitz est assis dans l’herbe et le narrateur nous parle de la fin de la guerre et du procès de Nuremberg.
Autre mélodie thématique est la pièce intitulée Au rythme noir et blanc (В чёрно-белом ритме) qui retentit chaque fois quand Stierlitz entre en action ou il est menacé par l’action de l’un de ses ennemis, ou bien quand on voit les conséquences de son action. Plus exactement quand il écrit la lettre à Himmler, quand en retournant du bureau de Schellenberg il la brûle, quand il est au musée en faisant semblant d’attendre Klaus, quand il aperçoit la valise de la radio dans le couloir de la gestapo et il la suit, quand il amène Holtoff chez Müller, quand il conduit sa voiture vers la frontière suisse et le pasteur récite sa mission à côté de lui et plus tard cette mélodie l’accompagne quand il marche dans le couloir de l’Office de Sécurité du Reich pendant que tout le monde le cherche. Plus tard on l’entend retentir quand Bormann demande Kaltenbrunner d’arrêter Wolff, quand Kaltenbrunner donne cette ordre et quand Schellenberg est averti par un message et finalement pendant que Bormann réfléchit après avoir appris l’échec de l’arrestation de Wolff.
La troisième mélodie thématique est intitulée de Routes (Дороги), c’est une variation à la mélodie de base de Stierlitz, elle est pleine d’entrain, elle exprime à la fois de la tristesse et à la fois de l’espérence. Elle retentit pour la première fois quand le professeur Pleischner se rend dans la rue des Fleurs, après, quand Stierlitz et le pasteur s’approchent de la frontière suisse et ils changent de voiture, quand en rentrant à Berlin Stierlitz se gare au bord de la route et dort dans sa voiture, quand le professeur Pleischner se rend une deuxième fois dans la rue des Fleurs pour aller à l’appartement conspirationnel, quand Stierlitz roule vers la frontière suisse avec Katia et les deux bébés dans la voiture et quand plus tard ils passent la frontière. Cette mélodie l’accompagne quand il cherche à Berne le professeur Pleischner et plus tard il se rend dans la rue des Fleurs et quand il aperçoit les fleurs dans la fenêtre de l’appartement conspirationnel. Et finalement c’est cette mélodie qui accompagne notre héros, Stierlitz quand il retourne à Berlin à la fin du film.
Katia aussi a une mélodie, la pièce de piano qu’elle joue pendant que Stierlitz leur rend visite, Prélude pour Käte (Прелюдия для кэт), nous déplorons que personne n’a pas eu l’idée de développer cette mélodie et l’utiliser en plusieurs variations pour accompagner l’histoire de Käte.
La valse que Frau Zaurich joue pendant que Stierlitz et Gaby dansent est également la composition de Tariverdiev, nous avons pu la retrouver, sa titre est Valse pour Gaby (Вальс для Габи).
Mais ce ne sont pas que les compositions de Tariverdiev qui retentissent dans la série, on entend Stierlitz fredonner une chanson très populaire en Russie : Ах ты степь широкая (Oh, toi, large steppe). En dehors de ça Tariverdiev lui-même a utilisé la mélodie d’une marche russe de Seconde Guerre mondiale, celle de La guerre sainte dans Les échos de la guerre (Эхо войны). En ce qui concerne Les échos de la guerre, nous avons l’impression que le message que le compositeur voulait faire passer par cette mélodie était différent de celui auquel la réalisatrice l’a utilisée. Si on écoute cette pièce à part, on peut constater qu’elle contient deux mélodies : la mélodie de Stierlitz et la mélodie de La guerre sainte comme si elles se communiquaient de loin qui signifierait, selon nous, que Stierlitz travaille, l’armée travaille et même s’ils sont loin l’un de l’autre, ils avancent vers le même but, ils travaillent de concert. Tandis que dans le film la mélodie de Les échos de la guerre retentit pendant qu’on voit les images du siège de Leningrad et celui de Stalingrad qui était en 1941 et en 1942, et plus tard la marche originale La guerre sainte retentit pendant la parade militaire de 1944 à Moscou comme si une intention était née pendant le siège de ces deux grandes villes qui a mené à la victoire quelques années plus tard. Donc cette composition a été utilisée pour interpréter un message différent de celui pour lequel elle a été écrite.
Il y a une autre pièce qui a été utilisée différemment par rapport à l’intention du compositeur, il s’agit de Dans la rue des Fleurs (На цветочной улице). On entend trois fois cette mélodie : quand le pasteur passe la frontière en ski, quand Pleischner est mort et quand Helmut est tué. Le titre de ce morceau est Dans la rue des Fleurs, donc cette mélodie aurait dû être réservée pour accompagner tout ce qui se passe à Berne dans cette rue, cela fait partie de l’histoire du professeur Pleischner.
Il y a une mélodie, intitulée Un matin de printemps (Весеннее утро) qui ne retentit qu’une seule fois dans la série quand le professeur Pleischner arrive à Berne, il s’agit d’une mélodie très joyeuse, la plus joyeuse de toute la série.
Un album avec la musique de film est paru en 1996 mais il ne contient pas toutes les mélodies qu’on peut entendre dans la série, par exemple la pièce de piano qui retentit quand Stierlitz arrive devant la maison bombardée d’Erwin et Katia ou la mélodie qui accompagne l’accouchement de Katia, l’arrivée de l’agent de la gestapo qui l’interroge et la scène dans laquelle Stierlitz arrête Katia. Ce sont des mélodies que nous ne pouvons malheureusement pas identifier ce que nous regrettons beaucoup.
Donc Tariverdiev a accepté ce travail et ses chansons font partie intégrante de l’histoire de Stierlitz, elles accompagnent l’image si on regarde le film et elles sont indépendantes si on les écoute à part.
Notre analyse prend fin par la présentation du travail artistique du film. Nous savons que sur terre il n’existe pas de résultat parfait, sans faille, c’est pour cela que nous ne voulions pas être trop sévères envers les créateurs de cette magnifique série. Ils ont pu créer une œuvre qui perdure et perdurera dans le temps, même avec ses imperfections. Dans un an on va fêter la 50ème anniversaire de sa sortie, malheureusement ses créateurs ne sont plus parmi nous, ils travaillent déjà pour les anges, mais leur travail les représente pour toujours dont des générations vont profiter en tant que spectateurs et en tant que professionnels de ce métier.