Stierlitz travaille donc sur sa mission sans se douter de ce qu’une enquête est menée sur lui. Les négociations sont en cours, il est occupé de les empêcher, il essaie de sauver Katia, c’est la seule chose qui le détourne un peu de son travail et il n’imagine même pas que Müller fait vérifier son travail avec le physicien Runge et avec le pasteur Schlag. La première fois qu’il commence à avoir des soupçons c’est pendant la scène que Holtoff lui fait sous son propre toit en le provoquant. Déjà à cet instant pense que Holtoff n’agît pas seul, c’est son chef qui est derrière toute cette mise en scène et il a raison, il va devoir se confronter Müller, le chef de la gestapo en personne.
I. Les conséquences de l’opération précédente de Stierlitz
1. Episode 1, le 13 février
L’enquête qui va être menée par l’ordre de Kaltenbrunner est la conséquence directe de la dernière opération de Stierlitz qui s’est déroulé à Cracovie. C’est le sujet du volume précédent de la série de livres qui parle des missions de Stierlitz. Dans ce film sa mission précédente n’est pas expliquée.

Les premiers soupçons tombent sur Stierlitz quand Kaltenbrunner interroge Krüger sur l’échec de l’opération de représailles contre Cracovie. Krüger dit qu’il a informé Stierlitz du plan de l’opération, Stierlitz était dans la ville menant une enquête sur le V-1 disparu. Stierlitz est retourné à Berlin et Krüger attendait de nouveaux ordres qui ne sont jamais arrivés. Cependant, il assume toute ses responsabilités, il n’accuse pas Stierlitz, il dit de bonnes choses de lui, il dit qu’il est un bon camarade. Kaltenbrunner demande son adjudant de chercher si Stierlitz avait l’autorisation d’accès aux informations concernant la préparation de l’opération contre Cracovie et s’il était reçu après son retour par le commandement. On ne saura pas s’il avait l’accès ou pas, mais il n’était pas reçu par le commandement et il n’a pas fait aucun rapport. Ce n’est pas clair si Stierlitz a demandé audience et il n’était pas reçu ou il n’a pas demandé d’audience. Kaltenbrunner décide d’enquêter sur Stierlitz, il dit à son adjudant : « Rassemblez-moi les dossiers de Stierlitz pour les deux dernières années. Que Schellenberg ne sache rien ! Stierlitz est un bon agent, il ne faut pas le compromettre. »
2. Episode 2, le 15 février
Kaltenbrunner ordonne Müller d’enquêter sur Stierlitz, il sème le doute sur lui : « Premièrement : Stierlitz est, de manière indirecte, lié à l’échec de Cracovie. Il était présent lorsque la ville est restée intacte, alors qu’elle devait voler en poussière. Deuxièmement : il s’occupait du V-1 disparu. Celui-ci a disparu. Je prie pour qu’il ait coulé dans les marécages de la Vistule. Troisièmement : il s’occupe actuellement de questions liées à l’arme du châtiment. Et bien qu’il n’y ait pas ici d’échec visible, ni succès, ni avancées, ni aucune victoire ne sont observables non plus. » Puis il ajoute : « Je serais heureux si tout de suite, sans attendre ses dossiers, vous réfutiez mes soupçons. J’ai de la sympathie pour Stierlitz. J’aimerais obtenir un démenti documenté de votre part à mes soupçons soudains. »

Quand Müller demande s’il a d’autres informations sur Sierlitz, Kaltenbrunner continue : « Je ne sais même pas quoi vous dire. J’ai fait enregistrer ses discussions avec des hommes à nous. Ceux en qui j’ai confiance discutent ouvertement du tragique de notre situation, de la bêtise des militaires, du crétinisme de Ribbentrop, de cet abruti de Göring, et des horreurs qui nous attendent si les Russes entrent à Berlin. Et Stierlitz répond : ce n’est rien, tout va bien. L’amour pour la patrie et le führer ne signifie pas de mentir aux amis. Je me suis dit : peut-être est-il stupide ? Nous en avons beaucoup qui répète les abracadabra de Goebbels. Non, il n’est pas stupide. Alors pourquoi n’est-il pas franc ? Soit il ne fait confiance à personne, soit il a peur, soit il prépare quelque chose, et veut être insoupçonnable. Mais que prépare-t-il alors ? Ses opérations se déroulent à l’étranger, dans les pays neutres. Je me suis demandé : reviendra-t-il de là-bas ? Et s’il revient, aura-t-il pris contact avec les neutres ou l’opposition ? Ou avec d’autres crapules ? Je n’ai pas pu répondre, ni positivement, ni négativement. » Müller écoute les arguments de Kaltenbrunner mais au début il n’accorde pas d’intérêt à cette enquête.
3. Episode 3, le 21 février
Müller reçoit Eismann dans son bureau qui connait Stierlitz et le respecte. Il défend Stierlitz : « Je ne peux pas croire que Stierlitz soit malhonnête. Il faudrait donc en convaincre Kaltenbrunner. » Mais Müller objecte : « Pourquoi ? Et s’il veut que Stierlitz soit malhonnête ? Pourquoi le convaincre du contraire ? En définitive, Stierlitz n’est pas de notre boutique, il est du VIème bureau, pas de la gestapo. Que Schellenberg se débrouille. »
Finalement Eismann dit un argument qui va peut-être donner l’idée à Müller de confier le dossier à quelqu’un d’autre qui chercherait des preuves contre Stierlitz : « Schellenberg exigera des preuves. Et vous savez que le Reichsführer le soutiendra. »

Müller donne le dossier du pasteur à Eismann avec ses mots : « Prenez ces dossiers et écrivez une recension positive du travail de Stierlitz… N’oubliez pas de louer le travail de Stierlitz avec ce prêtre. Kaltenbrunner pense que quelqu’un, à travers les prêtres, cherche des liens avec l’Occident, le Vatican, etc. »
4. Episode 3, entre le 21 et le 23 février
Müller donne le dossier de Runge et les dossiers du travail de Stierlitz pour l’année écoulée à Holtoff en espérant qu’il va trouver quelque chose de négatif sur Stierlitz : « Celui-là va creuser, pensa Müller, regarde-le, on dirait un étalon. Nos petits jeux, il adore toujours ça, il s’y complaît. Il va en faire des tonnes, et c’est parfait. J’aurai de quoi négocier avec Schellenberg. »

Donc Müller veut avoir plusieurs cordes à son arc pour pouvoir mettre la pression sur Schellenberg et avoir une couverture devant Kaltenbrunner. Si Kaltenbrunner veut un rapport positif sur Stierlitz il l’aura par Eismann sur le travail de Stierlitz avec le prêtre, s’il veut un rapport négatif, il l’aura par Holtoff sur le travail de Stierlitz avec le physicien.
5. Episode 3, entre le 21 et le 23 février
Müller reçoit un agent de filature et lui confie de suivre chaque pas de Stierlitz.

6. Episode 4, le 23 février
Eismann étudie le dossier du pasteur, il trouve quelques anomalies, mais comprend que c’est à cause de ses contacts en étranger que les renseignements s’occupent de l’affaire du prêtre. Il écoute l’enregistrement de son interrogatoire mené par Stierlitz, mais Eismann ne trouve aucune preuve écrite qu’il ait accepté de travailler pour eux.

Eismann apprend qu’un agent s’est infiltré chez le pasteur (il s’agit de Klaus) mais il n’y a pas de document sur cette opération, donc il ordonne de chercher Klaus. Vous pouvez lire l’histoire du pasteur Schlag plus en détail dans le chapitre dédié à ce personnage du film en suivant ce lien.
7. Episode 5, entre le 23 février et le 2 mars
Holtoff fait interroger Runge de nouveau, il apprend que c’était Stierlitz qui l’a fait entrer dans l’hôpital et il veut savoir ce qu’il a demandé en échange.

8. Episode 5, le 2 mars
Stierlitz va à sa rencontre avec Bormann et il apperçoit qu’il est suivi, il s’en débarasse et plus tard il pense que c’est peut-être à cause d’Erwin et Käte : « Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Il n’attendait pas de contact, il ne peut y avoir de problème de ce côté-là. Un vieux dossier ? Ils n’ont même pas le temps de s’occuper des nouveaux. »

Stierlitz se trompe dans ses pensées parce que ce sont exactement les vieux dossiers qui sont vérifiés mais l’affaire de Käte aussi va peser lourd contre lui. Après que la maison de ces contacts, Erwin et Käte a été bombardée la gestapo a trouvé la valise de leur radio et Katia, moitié inconsciente a malheureusement crié en russe pendant l’accouchement, en conséquence une enquête a été ouverte sur elle. De plus, des empreintes inconnues ont été enlevées sur la valise de la radio.
9. Episode 5, entre le 2 et le 8 mars
Schellenberg appelle Müller concernant la filature de Stierlitz. C’est la première confrontation (amicale) entre Müller et Stierlitz, ils parlent par téléphone :

- Müller – Müller, j’écoute.
- Schellenberg – Monsieur Müller, Monsieur Schellenberg vous salue, ou alors vous préférez « Mister » ?
- Müller – L’adresse « Müller » me convient mieux. C’est catégorique, discret et de bon goût. Je vous écoute, mon ami.
- Stierlitz – (à Schellenberg) Attaque frontale, sinon il s’échappe. C’est un renard.
- Schellenberg – Mon ami, Stierlitz est venu me voir. Vous vous souvenez de lui ? Il est assez troublé. Soit il est suivi par des bandits, et il vit seul dans la forêt, soit vos hommes le filent. Aidez-moi à clarifier cette histoire.
- Müller – Son auto est de quelle marque ?
- Schellenberg – Votre auto est de quelle marque ?
- Stierlitz – C’est une Mercedes.
- Schellenberg – Mercedes Benz.
- Müller – Ne cachez pas le combiné, passez-moi Stierlitz.
- Schellenberg – Vous êtes médium ou quoi ?
- Stierlitz – Heil Hitler.
- Müller – Bonjour, mon ami. Dites-moi, le numéro de votre voiture ne serait-il pas le 661125 ?
- Stierlitz – C’est cela, Gruppenführer.
- Müller – Où vous ont-ils pris en filature ? Sur Kurfürstendamm ? Et vous les avez lâchés sur Veteranenstrasse ?
- Stierlitz – C’est exact.
- Müller – Vous les avez vus ?
- Stierlitz – Et qu’est-ce que vous croyez ?
- Müller – Je vais leur arracher la tête. Ils travaillent comme des cochons. N’ayez pas peur. Ce n’était pas des bandits. Vivez heureux dans votre forêt. C’était nos hommes. Ils suivent une Mercedes qui ressemble à la vôtre. Celle d’un Sud-Américain. Vivez comme avant, mais si on me rapporte de nouveau que vous fréquentez le bar « Barbe bleue », je ne vous couvrirai pas.
- Stierlitz – Et si je dois m’y rendre pour le travail ?
- Müller – Si vous cherchez un cloaque, essayez le « Mexico ».
- Stierlitz – Le « Mexico » ? Merci.
- Narrateur : « C’était le troquet spécial de Müller. Le contre-espionnage y travaillait. Stierlitz le savait de Schellenberg. Une circulaire spéciale interdisait aux militaires et aux membres du parti de le fréquenter, ainsi les espions s’y sentaient en sécurité, ignorant que chaque table était écoutée par la gestapo. »
- Stierlitz – Merci. Si vous l’autorisez, je fixerai des rencontres au « Mexico », mais quand on m’attrapera par les oreilles, je vous appellerai à l’aide.
- Müller – Venez. Je suis toujours heureux de vous voir.

10. Episode 6, le 10 mars
Stierlitz aperçoit la valise de la radio d’Erwin chez deux agents de gestapo dans la couloir de l’Office Central de Sécurité du Reich.

Il les suit et il apprend que Katia est en vie, elle a eu son bébé mais elle a été démasquée et c’est Rolf qui s’occupe de son affaire. Stierlitz convainc Schellenberg de lui donner l’autorisation d’arrêter Katia et mener le premier interrogatoire. En arrêtant Katia, c’est-à-dire en récupérant l’affaire, Stierlitz essaie de la protéger pour que le moment venu il puisse la sauver et mettre en sécurité. Plus en détail dans le chapitre sur Katia en suivant ce lien.
11. Episode 6, le 10 mars
Stierlitz en profitant de l’occasion qui se présente parle au téléphone avec Bormann du standard téléphonique de l’Office Central de Sécurité du Reich où l’entrée est strictement interdite. Il lui demande s’il a reçu sa lettre et ils fixent un rendez-vous pour le soir même au même endroit que la dernière fois. Stierlitz demande qui va conduire la voiture parce que l’un de ses chauffeurs a été recruté par la gestapo veut dire Stierlitz mais Bormann lui coupe la parole en disant qu’il est au courant.

Le narrateur donne des informations supplémentaires pendant la conversation : « Ils se comprirent. Bormann comprit que Stierlitz savait que ses conversations étaient enregistrées. Cela montrait qu’il connaissait les secrets des sommets du Reich. Stierlitz en déduisit que Bormann comprenait ce qu’il ne disait pas et donc senti que le succès était là. »
Donc ils savaient tous les deux que les conversations de Bormann étaient enregistrées, cette information sera très importante plus tard quand Stierlitz devra prouver son innocence devant Müller. Un de ses arguments phares sera construit sur ce fait.