Sélectionner une page

Stierlitz se rend chez Erwin et Käte, ses opérateurs radios. Ils sont deux agents, envoyés par Moscou à Berlin, ils travaillent avec Stierlitz. Ils sont introduits par le narrateur : « C’est ici, à Köpenick, que vivaient ses radios : Erwin et Käte. En venant ici, Stierlitz violait les règles de conspiration, qu’il respectait scrupuleusement depuis 20 ans. Mais il n’avait pas le choix. Käte était enceinte. Stierlitz n’était pas attendu aujourd’hui. Les séances avaient lieu le lundi, et en était mercredi. Mercredi, c’était le jour de réserve. Erwin compris qu’il y avait du travail. »

1. Episode 3, le 20 février

Après être arrivé chez eux – Stierlitz ouvre leur appartement par ses propres clés – il demande Katia de jouer au piano et parle avec Erwin de sa mission. Ils rejoignent plus tard Käte et pendant qu’elle joue Stierlitz leur raconte qu’il venait de rencontrer un obstétricien qui disait qu’il pouvait déterminer la nationalité de chaque femme pendant l’accouchement. Parce que chaque femme crie en sa langue maternelle pendant l’accouchement : « Tu vas hurler mamotchka avec l’accent de Riazan. », dit à Käte.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – L’état de Katia inquiète Stierlitz

Stierlitz leur demande donc d’aller en Suède pour l’accouchement. Katia refuse de le faire, puisque Stielritz resterait sans contact. Elle essaie de le rassurer, lui et son mari : « Je crierai en allemand. »

C’est Stierlitz qui dit le dernier mot : « Bon, tu peux ajouter quelques gros mots en russe, mais seulement avec l’accent berlinois. Nous prendrons une décision demain. Nous y réfléchirons, sans héroïsme inutile. » Et il part avec Erwin dans la forêt pour envoyer son message à Moscou. C’est la dernière fois que l’on voit Erwin.

2. Episode 4, le 21 février

La maison où Erwin et Käte vivaient a été bombardée, Erwin disparaît et Käte est transportée à l’hôpital. Moitié inconsciente elle crie en russe pendant l’accouchement.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Katia pendant l’accouchement

L’infirmière appelle la gestapo et un agent de gestapo qui se dit être un agent d’assurance arrive pour l’interroger. Il se montre très gentil avec elle, il essaie d’établir avec elle un lien de confiance. Il la même console quand Katia pleure à cause de la mort de son mari. Il demande qui sont les proches de son mari, il lui montre des photos sur des bagages pour que Katia puisse soi-disant récupérer les siens, la valise de la radio se trouve parmi eux, mais Katia dit bien sûr que leurs valises ne figurent pas sur les photos. Malgré la gentillesse de « l’agent d’assurance », Katia est méfiante.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Katia et le faux agent d’assurance

3. Episode 4, le 21 ou le 22 février

Dans le bureau du faux agent d’assurance, il demande d’enlever les empreintes de Katia sur les photos qu’elle a touchées. L’agent apprend que les empreintes sur la valise et sur la radio sont de mauvaise qualité, mais dans l’histoire cette information ne sera plus mentionnée.

4. Episode 5, le 2 mars

Stierlitz aperçoit qu’il est suivi, après réflexion il pense que c’est à cause d’Erwin et de Käte. Il décide de les chercher dans chaque hôpital en personne à partir du lendemain. Il pense qu’il n’aurait pas dû croire au téléphone. Mais nous ne l’avons pas vu téléphoner ni aller dans des hôpitaux, ni avant, ni après cette réflexion.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Stierlitz pense que c’est à cause d’Erwine et Käte qu’il a été suivi

5. Episode 6, le 10 mars

Katia est de nouveau interrogée par le faux agent d’assurance. Katia ne veut pas croire que son mari soit mort, lors de leur conversation elle dit qu’Erwin peut être dans un hôpital militaire puisqu’il est invalide de guerre. L’agent l’écoute avec attention mais il dit seulement : « Je ne crains rien pour vous. Vous avez une tête brillante et tout porte à croire que vous êtes en voie de guérison. »

L’agent prétextant le rapide déblocage de la somme de l’assurance demande deux garants. Deux personnes qui pourraient témoigner et porter garants pour Käte. Elle donne l’adresse de Fritz Nusch, général en retraite qui vit à Rangsdorf, et celle de Frau Echelbrenner à Potsdam. Cette intrigue ne sera pas continuée, nous ne savons pas si l’enquêteur leur ait rendu visite ou il ait transmis ces données à la gestapo.

6. Episode 6, le 10 mars

Stierlitz sort de son bureau et voit la valise de la radio d’Erwin chez deux agents de gestapo dans le couloir. Il commence à les suivre.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – La valise de la radio d’Erwin arrive en face de Stierlitz

Narrateur : « Stierlitz ne savait pas pourquoi il les suivait. Il ne savait pas ce qu’il allait faire ensuite. Il ne savait pas que le labo avait trouvé les empreintes digitales de Käte à l’intérieur de la valise aussi. Ses empreintes étaient restées sur le bouton de réglage et sur le casque d’ébonite noir. » Mais comme nous étions informés, nous savons que les empreintes étaient de mauvaise qualité, l’information qui ne sera pas mentionnée ni concernant les empreintes de Käte ni celles de Stierlitz.

Les deux agents de gestapo entrent dans le bureau de Rolf avec la valise d’Erwin et Stierlitz entre derrière eux. Il commence une conversation amicale avec Rolf et essaie de tout apprendre de comment la valise de radio d’Erwin a pu atterrir ici. Il apprend qu’Erwin est probablement mort et Katia est à l’hôpital avec son bébé. Rolf hésite entre amener Käte tout de suite dans l’Office de Sécurité ou la laisser à l’hôpital pendant certain temps : « Heureusement, elle ne peut pas se sauver, elle a le gamin, et on ne laisse entrer personne. Je ne pense pas qu’elle puisse partir sans lui. Enfin… Qu’est-ce qu’on en sait ! J’ai décidé de l’amener ici aujourd’hui. » Stierlitz essaie de l’influencer pour qu’il laisse Katia à l’hôpital en suggérant qu’elle peut éventuellement chercher un contact.

Rolf accepte cette idée : « Voilà, je me demande. J’ai peur qu’elle revienne à elle. Tu les connais, ces Russes ! Il faut les surprendre, quand ils sont affaiblis. » Et à la question de Stierlitz « pourquoi tu penses qu’elle est russe ? » Rolf répond en riant que Katia a crié en russe à l’accouchement. Stierlitz constate cette information par un demi-sourire. Et il demande où est Katia. Rolf lui répond sans se douter de l’intention de Stierlitz : « A la Charité. A dix minutes d’ici. »

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Stierlitz constate qu’il avait raison quand il s’inquiétait à cause de la grossesse de Katia

Et avant de partir il donne un dernier argument pour que Rolf décide de garder Katia à l’hôpital : « Ca peut être intéressant, si elle cherche un contact. Leurs hommes doivent la chercher dans tous les hôpitaux. »

Rolf se réjouit de cet argument et l’accepte tout de suite.

Stierlitz est déjà près de la porte, sa main est sur le poignet quand il retourne : « Ah oui, pourquoi je venais te voir ? Je perds complètement la tête. Je venais te demander des somnifères. Tout le monde sait que tu as d’excellents somnifères suédois. »

C’était une ruse de sa part pour détourner l’attention de Rolf que le narrateur va nous expliquer : « On se souvient de la dernière phrase. Cela, Stierlitz l’avait établi de manière presque scientifique. Il faut savoir entrer dans une discussion, mais il est encore plus important d’en sortir. Si l’on demandait à Rolf qui était passé et pourquoi, il répondrait que Stierlitz était venu chercher des somnifères. Rolf fournissait tout le monde. Son oncle était pharmacien. »

Après cette conversation Stierlitz se rend immédiatement dans le bureau de Schellenberg pour demander l’autorisation d’arrêter Katia. Stierlitz est capable de manipuler les gens, même son chef, son entrée est remarquable : « Brigadenführer, je dois être malade, envoyez-moi dix jours à la campagne, sinon j’explose. » Une affirmation pareille de la part de Stierlitz laisse Schellenberg complètement perplexe : « Que se passe-t-il ? Qu’avez-vous ? »

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Schellenberg ne comprend pas ce qui se passe

Et pour qu’il renforce l’effet, Stierlitz ajoute : « Je crois que nous sommes tous tombés en disgrâce chez Müller. »

Et il continue : « Hier cette stupide filature sur Friedrichstrasse, et aujourd’hui, c’est pire : ils trouvent une Russe avec une radio, une Russe à l’activité intense. Cela fait huit mois que je la piste, et c’est à Rolf que l’on confie l’affaire. Il comprend autant dans les radios qu’un lapin en géométrie ! (Schellenberg veut téléphoner.) Inutile, cela ne sert à rien. Cela finira par la prise de bec habituelle entre services. Donnez-moi une autorisation. J’embarque la Russe et je mène le premier interrogatoire. Peut-être que je me surestime, mais je ferai cela mieux que Rolf. Qu’il la récupère ensuite. Pour moi, l’important, c’est que le travail soit bien fait. »

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Stierlitz se bat pour Katia

Schellenberg, après une petite réflexion, prend la position de Stierlitz et lui donne l’autorisation en se réjouissant d’avance de la colère de son « vieil ami », Müller : « Tout sera clair dès les premières heures. Si la dame se tait, nous la confierons à Müller, et qu’ils s’y cassent les dents. Si elle parle, ce sera un plus pour nous, et nous damerons le pion à Müller. »

7. Episode 6, le 10 mars

Stierlitz arrive à l’hôpital pour arrêter Katia. Il est en uniforme et il entre dans la chambre de sa sœur d’arme sans un mot. Il reste dans la porte. Katia se réjouit de sa présence, mais après quelques instants elle comprend pourquoi Stierlitz est là en uniforme. Elle est d’abord prise par la peur mais elle se récupère vite et réagit aux accusation de Stierlitz comme s’il était un parfait étranger pour elle.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Katia comprend qu’elle a été démasquée

Stierlitz parle comme s’il donnait des ordres : « Frau Kinn, préparez-vous. »

Katia hoche la tête, sa main sur sa bouche. Stierlitz se tourne vers la porte en essayant de faire comprendre à Katia qu’à l’extérieur il y a quelqu’un qui peut les écouter. Katia comprend.

Stierlitz continue : « Vous avez perdu. Un agent doit savoir perdre dignement. Je sais que vous allez nier, mais c’est stupide. »

Pendant qu’il parle Stierlitz regarde la fenêtre et l’ouverture d’aération, Katia comprend qu’il peut y avoir un micro.

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – S’entendre de demi-mots

Les informations que Stierlitz lui donne dans la chambre : « Nous avons intercepté quarante de vos messages. On va vous amener vos habits et vous viendrez avec moi. Je vous garantis la vie, à vous et à votre enfant si vous collaborez. Je ne peux rien garantir si vous résistez. »

Une infirmière arrive avec les vêtements de Katia, elle demande Stierlitz de sortir pendant qu’elle s’habille. Mais Stierlitz dit qu’il se retournera et il va continuer à parler.

Katia répond qu’elle est encore très faible et qu’elle ne comprend pas ce qui se passe, qu’elle pense que Stierlitz fait erreur, que son mari est officier, invalide de guerre.

Stierlitz continue à parler et essaie de donner des informations à Käte qui pourrait l’aider lors de son interrogatoire : « Arrêtez, nous avons votre émetteur, et vos messages. On ne vous demande qu’une chose : acceptez de collaborer. Et je vous le conseille : acceptez ma proposition. Premièrement, racontez tout ce que vous savez, même si vous savez très peu. Deuxièmement, acceptez ma proposition et mettez-vous à travailler pour nous d’ici 2-3 jours. »

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Katia essaie de retenir tout ce que Stierlitz lui dit

Katia reçoit donc une indice : en dire le moins possible. Stierlitz savait qu’il ne pouvait pas dire l’essentiel ici, dans la chambre et dans la voiture non plus par peur qu’il puisse y avoir un micro. Stierlitz a donc décidé de dire le plus important dans le couloir, il aura deux minutes, il l’avait calculé en arrivant. Donc quand l’infirmière amène le bébé de Katia, il lui ordonne de veiller que personne ne soit dans le couloir.

Et voici les informations que Stierlitz donne à Käte en marchant dans le couloir de l’hôpital : « Ils vont te donner des infos pour nous. Marchande. Exige des garanties. Exige de garder ton enfant. Ils peuvent nous écouter, alors joue ton rôle pendant mon interrogatoire. Tu ne connais pas le code. Les messages sont chiffrés, le chiffreur, c’était Erwin, tu es seulement radio. Tu diras qu’Erwin avait des rendez-vous dans la Kantstrasse à Rangsdorf. Avec qui, tu l’ignores. Tu diras qu’Erwin avait reçu la visite d’un homme des Affaires Etrangères, je te montrerai sa photo dans la voiture. » Narrateur : « Cet homme était Heinz Korner, conseiller aux affaires orientales. Il était mort une semaine plus tôt dans un accident. C’était une fausse piste. La gestapo perdrait 10-15 jours à la suivre, et à l’heure actuelle, chaque jour était décisif. »

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – Stierlitz et Katia dans le couloir de l’hôpital

Stierlitz montre à Katia la photo de l’homme en question dans la voiture où ils ne se parlent plus. Quand deux heures plus tard Rolf fera son rapport à Müller que l’opératrice radio russe a disparu de l’hôpital, Stierlitz sera en train de mener l’interrogatoire.

Katia joue son rôle mais malheureusement on ne voit pas la scène, seulement on peut écouter l’enregistrement de leur conversation avec Müller et Rolf. C’est un grand défaut de cette série, pourquoi une scène si importante n’a pas été mise en scène ? Voir comment Stierlitz et Katia jouent les inconnus, Stierlitz comme officier de SD et Katia comme agent soviétique démasqué. Et ils doivent jouer pour l’autre aussi. Si Katia perd le contrôle, si elle craque, Stierlitz est condamné à mort et ils meurent tous les trois avec le bébé. Si Stierlitz ne peut pas être assez convaincant dans son rôle de nazi dévoué qui par ruse se montre pas trop agressif vis-à-vis de Käte pour qu’elle accepte ses conditions et que Stierlitz, le nazi dévoué puisse l’utiliser contre Moscou, soit Käte sera exécutée avec lui, soit elle tombera entre les mains de Schellenberg ou Müller et elle sera à leur merci, privée peut-être de son bébé.

Quand après l’interrogatoire Schellenberg appelle Müller pour l’agacer, Stierlitz médite un peu sur ce qu’il vient de faire : « Stierlitz avait joué son va-tout. Il savait que le code n’avait pas été cassé. Il était pratiquement impossible à casser. C’était son code personnel. La gestapo n’en avait pas la clef. Les messages envoyés du Centre à Stierlitz avaient un autre code que le radio pouvait ne pas connaître. C’est le chiffreur qui le connaissait, et il se tairait, parce qu’il était enterré sous les décombres de sa maison. Il avait joué cette scène avec Käte, à l’interrogatoire. Mais pour la centième fois, Stierlitz se demandait : Avait-il le droit d’amener Käte ici ? Il aurait pu l’emmener à Babelsberg, lui trouver un appartement et lui fournir des papiers. Cela aurait signifié qu’en sauvant Käte, il condamnait l’opération à l’échec. L’opération dont pouvait dépendre l’avenir de l’Europe. Il savait qu’après l’enlèvement de Käte, toute la gestapo aurait été mise en alerte, et que si la cavale avait réussi, la piste aurait mené à lui. Il aurait donc dû passer dans la clandestinité. Cela aurait été l’échec assuré. S’il était sûr que Katia serait tout le temps avec lui et ne tomberait pas entre les mains de Müller, il aurait moins peur. Il ne se demanderait pas : ai-je eu raison ? Il l’aurait placée dans une planque sous la protection du SS. Et au moment voulu, aurait fait en sorte que Käte et le garçon disparaissent et que personne ne les retrouve. Il pourrait les faire disparaître. Quoique même maintenant, dans la situation du front et avec les réfugiés envahissant le pays, la gestapo continuait à travailler efficacement. Une personne sur deux donnait des informations sur son voisin, et le voisin donnait des informations sur son informateur. Penser que dans ces eaux troubles, on pouvait disparaître, seul un naïf le pouvait. Un naïf ignorant tout de la police secrète allemande. »

Il y a deux détails très intéressantes concernant cette réfléxion. Premièrement Stierlitz pense : « S’il était sûr que Katia serait tout le temps avec lui et ne tomberait pas entre les mains de Müller, il aurait moins peur. » Il faut retenir cette phrase parce que dans le onzième épisode Stierlitz va prendre sa décision de sauver immédiatement Katia parce qu’il ressent que Müller ne veut pas la lâcher mais il considère Katia comme sa propre prisonnère.

Le deuxième détail concerne Erwin, le frère d’arme de Stierlitz, c’est l’unique personne avec qui Stierlitz parle de sa mission. Donc on peut en déduire que Stierlitz avait confiance en lui, non seulement il était son opérateur radio et chiffreur mais on peut supposer que leur relation était amicale. Mais après le bombardement de leur maison tout le monde considère Erwin comme mort et personne ne le cherche, pourtant Katia avait l’idée de le chercher dans des hôpitaux militaires, et maintenant qu’elle a été arrêtée, Stierlitz pourrait ouvertement, officiellement chercher Erwin dans les hôpitaux ou sous les décombres de sa maison. Au moins pour avoir la certitude de son sort.

Donc Stierlitz a cette réflexion pendant que Schellenberg parle au téléphone avec Müller et après que Schellenberg humilie très gentiement Müller, on va voir comment Müller et Rolf écoutent l’enregistrement de l’interrogatoire. Müller est très en colère mais il reconnaît le travail de Stierlitz quand il dit, « c’est un travail de vitruose ».

Image de la série de Tatiana Lioznova Les 17 moments du printemps – C’est tout ce que l’on voit de l’interrogatoire de Katia

Stierlitz construit son argumentation autour de quatre axes qui doit être crédible devant ses chefs dans le SD et il doit également inventer une mission pour Katia, quelque chose qui rendra Katia indispensable aux yeux de Schellenberg et Müller. Et tout ça en jouant qu’il accule Katia. Il est conscient bien entendu de que tout l’interrogatoire est enregistré et chaque mot sera analysé plus tard par ses supérieurs. Donc les quatre points principaux de son argumentation envers Katia :

  1. L’arrestation de Katia à Moscou est une condamnation pour elle, parce que si quelqu’un a été arrêté par la gestapo, il doit y périr, sinon, c’est un traitre.
  2. Stierlitz ne demande pas à Katia de lui donner les noms des agents, il dit que ce n’est pas important, « en vous cherchant, ils viendront à moi. »
  3. Stierlitz menace Katia de séparer de son fils : « Je comprends quelles seraient vos souffrances si nous devions placer votre enfant dans un orphelinat. Il serait à jamais privé de sa mère. » Il rappelle Katia qu’il a des chefs et même si lui, Stierlitz ne voulait pas prendre l’enfant de Katia, il peut recevoir des ordres qu’il ne pourrait pas ignorer.
  4. Ils, c’est-à-dire les nazis ne sont pas si idiots comme ils sont représentés dans certains films soviétiques. « Je le dis parce que nos déchiffreurs ne sont pas des idiots, ils ont déjà beaucoup compris dans votre code, et votre travail pourrait être accompli par un de nos radios. »

Stierlitz demande Katia de coopérer avec eux, son travail consisterait d’envoyer des messages codés pour Moscou, en échange il promet une couverture complète pour Katia :

  1. Son arrestation n’apparaîtra pas dans aucun document.
  2. Katia dira à ses chefs qu’elle avait rencontré un homme qui lui a annoncé le mot de passe.
  3. « Donc, cet homme, direz-vous, vous a amenée dans ce logement et donné des messages chiffrés, que vous allez envoyés au Centre. C’est votre alibi. »

Il la menace également, nous avons vu la première, elle sera privée de son fils, et la deuxième : « nous avons enregistré vos émissions, nous pouvons apprendre votre signature à un de nos opérateurs radios. Il travaillera à votre place, cela vous compromettra définitivement. Votre patrie ne vous le pardonnera pas, vous le savez comme moi. Et même mieux que moi. »

Katia joue son rôle mais elle donne des contre-arguments un peu faibles et nous ne pouvons pas interpréter sans les images que c’est pour aider Stierlitz à construire leur jeu ou c’est parce qu’elle a peur et ne peut pas réagir plus énérgiquement. Ses contre-arguments :

  1. Quand Stierlitz fait mention aux films soviétiques dans lesquelles les nazis sont représentés comme des idiots, il dit : « Si cela est vrai, comment sommes-nous arrivés jusqu’aux portes du Kremlin, si nous sommes de tels idiots ? » Katia répond : « D’accord. Mais ajourd’hui c’est l’Armée Rouge qui est aux portes de Berlin. » Stierlitz entre dans le débat : « C’est juste. Quand nos soldats étaient devant le Kremlin, vous étiez sûrs que vous arriveriez à Berlin. Eh bien, nous sommes certains aujourd’hui que nous reviendrons au Kremlin. »
  2. Quand Stierlitz dit qu’un de leurs opérateurs radios peut travailler à la place de Katia, elle dit : « Votre opérateur radio ne connait pas ma signature. Mais au Centre, ils la connaissent bien. » Mais ce contre-argument ne fait que renforcer l’argumentation de Stierlitz et c’est alors que Stierlitz la menace de la compromettre aux yeux de ses chefs à Moscou : « C’est juste. Mais nous avons enregistré vos émissions, nous pouvons apprendre votre signature à un de nos opérateurs radios. Il travaillera à votre place, cela vous compromettra définitivement. »
  3. Quand Stierlitz dit qu’elle dirait a ses chefs qu’elle avait rencontré un homme qui lui a annoncé le mot de passe, Katia répond avec incertitude qu’elle ne le connais pas. Stierlitz réagit à peine : « Vous le connaissez. Je ne vous le demande pas. C’est un détail du romantisme » et il continue son argument.

Et pour conclure l’interrogatoire, Stierlitz demande Katia si elle va collaborer, oui ou non, il attend une réponse tout de suite. Katia dit oui, mais elle a une condition : « J’ai perdu contact avec ma patrie après la mort de mon mari et mon arrestation. Je travaillerai pour vous, si vous me garantissez qu’ensuite, je ne tomberai pas entre les mains de mes anciens chefs. » Et après ces phrases elle s’évanouie.

Stierlitz ordonne de l’emmener à l’hôpital de la prison et de la bien traiter.

Après l’interrogatoire, Stierlitz reçoit la félicitation de Schellenberg : « Félicitations pour ce succès, Stierlitz. Nous avons damé le pion à Müller. Et c’est excellent. »